Réalisation : Stephen Quay et Timothy Quay
Scénario : Stephen Quay et Timothy Quay
Acteurs Principaux : Wioletta Kopańska, Andrzej Kłak et Tadeusz Janiszewski
Durée : 1h15
Genre : Fantastique, Expérimental
Sociétés de productions : The Match Factory, IAM, IKH Pictures Productions et Konick Studios
Si la décennie 2020’s semble être révélatrice de projets animés consécrant le travail d’une vie, la cérémonie d’ouverture de ce trentième anniversaire de L'Étrange Festival n’y fait pas exception. quarante-troisième œuvre des Frères Quay, Sanatorium Under the Sign of the Hourglass, fond le médium cinématographique pour nous embarquer avec eux dans les limbes temporelles tourmentées d’une Pologne en crise. Hourglass, fond le médium cinématographique pour nous embarquer avec eux dans les limbes temporelles tourmentées d’une Pologne en crise.
Synopsis :
“Un homme prend le train vers un sanatorium sans nom où son père vient de décéder. Le temps est aboli, les repères se brouillent à l’intérieur d’un univers à la fois étrange et familier.”
Critique :
Le temps détruit
Tourné en 10 jours puis animé sur 20 ans par des techniques de rotoscopies et de stop-motion, cet univers fantasque adapté de La Clepsydre (nouvelle de Bruno Schulz déjà porté à l’écran en 1973 par Wojciech Has avec Jan Nowicki), témoigne d’une époque déjà révolue dont les marionnettes des Quay tentent de transcender les limbes.
Reposant sur des boucles, les protagonistes endossent leurs plus belles robes de Moires pour déjouer la vitalité que le déclencheur des réalisateurs absorbe à chaque prise.
Des errances qui nous perdent dans des thèses philosophiques à outrance mais, qui, de part leurs mises en scène passionnent et mettent à distance le spectateur le temps de lui offrir des tableaux géants et autres explorations architecturales transcendant le travail expérimental de Man Ray en un purgatoire brumeux.
Un monde perdu
Monet, Monet, Monet
Si la construction artistique des Frères Quay n’est plus à prouver, il reste intéressant d’étudier leurs dernières productions en comparaison aux autres nouveaux classiques du stop-motion découverts à L'Étrange Festival ou autres festivals de films de genres parisiens. Effectivement, contrairement à des œuvres telles que pouvaient l’être Mad God, Junk Head ou autre Moon Garden (dont nous avons parlé sur La Septième Illusion), le vivier fantastique proposé n’est pas voulu dangereux et préfère la métaphore calme et consciente.
Et si, à l’image de son rythme, le style visuel retranscrit est un paradoxe instable, toutes ses strates semblent se rapprocher d’un style impressionniste confiné déjouant ses codes.
L'utilisation du train ne fait plus état du mouvement insufflé dans la nature mais au contraire de sa destruction. Il est l'engrenage détruisant la société au profit de l'économie. Il est le piston qui transforme l'oisiveté en parcage industriel ou tragique selon les interprétations de sa conclusion.
Effectivement au vu des partis pris esthétiques de l'œuvre (brume, train, menace lancinante, attente vis à vis d'une situation grave) la question du passé polonais se pose et ferait passer ses filtres courbetiens en un voile mortifère transcendant à nouveau le cinéma des Quay.
Quay des brumes
La note du rédacteur : 4/5
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