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Photo du rédacteurIllustre Connu

[BILAN] Festival Américain de Deauville 2023 : Résumé et coups de cœur

Dernière mise à jour : 2 févr.

En cette belle, riche en débats et tumultueuse année de cinéma qu'est 2023, que ce soit en termes de longs métrages ou de ce qu'il se passe dans l'industrie cinématographique (notamment à Hollywood, ce dernier étant en réelle ébullition avec les grèves des scénaristes et des acteurs/ actrices), s'est tout de même tenue la 49ème édition du Festival Américain de Deauville du 1er au 10 Septembre 2023 malgré les grèves empêchant la venue de certaines grosses personnalités du cinéma.


Mais alors, quels étaient les heureux élus filmiques participant cette année à la compétition ?


Nous avons pu retrouver dans cette sélection officielle :


- Aristote et Dante découvrent les secrets de l'Univers de Aitch Alberto

- Cold Copy de Roxine Helberg

- Blood For Dust de Rod Blackhurst

- Fremont de Babak Jalali

- I.S.S de Gabriela Cowperthwaite

- LaRoy de Shane Atkinson

- La Vie Selon Ann de Joanna Arnow

- Manodrome de John Trengove

- Past Lives, nos vies d'avant de Celine Song

- Runner de Marian Mathias

- Summer Solstice de Noah Schamus

- The Graduates de Hannah Peterson

- The Sweet East de Sean Price Williams

- Wayward de Jacquelyn Frohlich


Un beau total de 14 longs métrages proposant des styles différents, pas mal de choses à se mettre sous la dent pour les cinéphiles donc.



Autre point important concernant cette 49ème Edition du Festival Americain de Deauville : le jury.

Qui donc avons-nous pu retrouver parmi le Jury ?

- Guillaume Canet (réalisateur, scénariste, comédien & producteur) en tant que Président du Jury

- Anne Berest (roman­cière, scé­na­riste & comédienne)

- Stéphane Bak (comédien)

- Laure de Clermont-Tonnerre (réalisatrice & scénariste)

- Alexandre Aja (réalisateur, scénariste & producteur)

- Marina Hands de la Comédie Française (comédienne)

- Rebecca Marder (comédienne)

- Yodelice (auteur compositeur interprète, musicien, producteur & comédien)

- Léa Mysius (réalisatrice & scénariste)



Maintenant que le tout est (souhaitons le) bien présenté, passons aux trois films de la compétition qui ont chamboulé le petit cœur de votre rédacteur du jour.


Puisque oui, comme annoncé dans le nom de cet article, aujourd'hui il ne sera question que de trois films que nous souhaitons mettre véritablement en avant. Loin de nous l'idée de laisser entendre que le reste des films de la compétition n'avaient rien d’intéressants, cela n'est point la vérité, nous leur réserverons par conséquent un autre article.


Mais alors, finissons de tourner autour du pot, quels sont les coup les coups de cœur de votre cher (ou pas) rédacteur du jour ?

3 - The Graduates de Hannah Peterson

Résumé : Un an après la mort de son petit ami des suites d'une arme à feu, une jeune femme se prépare à obtenir son diplôme d'études secondaires alors qu'elle navigue dans un avenir incertain aux cotés d'une communauté qui cherche des moyens de guérir.

Hannah Peterson (la réalisatrice) est venue sur scène avant la projection de son film et a dit cette phrase particulièrement marquante : "Avec ce film, j'ai voulu parler d'une génération vivant dans la peur d'une nouvelle attaque au sein de son lieu d'étude", et ces mots résonnent fortement quand on connait le nombre de fusillades qui ont tragiquement eu lieu dans des écoles notamment aux Etats Unis.

Comment la réalisatrice en parle-t-elle dans son film ? Et bien, de manière sincère, simple, touchante et évidemment tragique. La sincérité et la connaissance du sujet se ressentent grandement tant au travers des protagonistes que de la direction de jeu donnée aux interprètes. Le film peut dérouter par son rythme assez lent, mais cela est logique, puisqu'il s'agit ici de laisser le temps aux protagonistes de retrouver le temps pour vivre, puisqu’ils ont fait face à une sorte d'arrêt soudain du temps, terriblement violent et tragique. Plus le film se déroule sous nos yeux humides, plus il est passionnant et émouvant d'assister à la reconstruction d'une vie de jeunes adolescents au travers d'éléments simples de la vie, comme des sorties entre amis, des soirées, des discussions. Mais tous ces éléments sont empreints de nostalgie d'un temps passé, de regrets d'une vie qu'on avait imaginée aux cotés de certaines proches désormais partis. Le fonctionnement du film peut paraître "simple" mais c'est justement dans cette simplicité que tient l'émotion.


L'œuvre n'est pas là pour "briser les codes", elle cherche surtout à faire "retrouver les codes" à ses protagonistes, des protagonistes merveilleusement bien interprétés par le casting. Mention spéciale à Mina Sundwall et John Cho qui interprètent tout en douceur et naturel des personnages ayant un lien particulièrement fort et émouvant entre eux. On ne va pas vous le cacher, certains échanges de regards racontant tout un vécu entre eux ont beaucoup ému votre rédacteur.

Concernant la mise en scène d’Hannah Peterson, là aussi, nous assistons à quelque chose de simple et doux au travers de longs plans laissant place à la vie de se reconstruire ou à des âmes meurtries de se questionner sur leur relation à ce drame et aux autres protagonistes.

Pour finir, le film n'est pas nihiliste pour autant car au bout d'une heure et demi, difficile de pas ressentir poindre une naissance d'espoir dans l'âme des personnages. Un espoir poussant à vivre et à passer à autre chose, aussi difficile soit il.

Un beau film donc, que nous vous conseillons fortement de ne pas rater quand il sera de nouveau projeté hors festival dans les salles obscures.




2 - Cold Copy de Roxine Helberg

Résumé : Les tactiques d'une étudiante en journalisme qui doit, pour impressionner et entrer dans les bonnes grâces d'une journaliste de presse estimée mais impitoyable, manipuler sa dernière histoire... et la vérité elle-même.

Le deuxième long métrage favori de votre rédacteur fait son entrée et on peut dire sans l'ombre d'un doute qu'elle n'est pas sans éclat, tant l'œuvre de Roxine Helberg est là pour "tout casser".

Pour commencer, le film se déroule dans le milieu du journalisme comme évoqué plus haut, un milieu qui nous est dépeint comme extrêmement compétitif et prônant le mensonge à la vérité pour engranger plus d'audience.

L'œuvre est donc là pour dans, un premier temps, casser une certaine image "saine" que certains pourraient avoir en tête concernant ce milieu.

Mais heureusement, Roxine Helberg ne s'arrête pas qu'au fond, elle s'empare également de la forme pour nous offrir des moments de mise en scène prenants, en alternant différents types de caméras ou plusieurs styles de montage tout aussi intéressants et nouveaux dans la construction du long métrage les uns que les autres. Cela permet donc d'assister à une œuvre en perpétuelle ébullition en terme de narration de fond, comme de forme, et cela colle parfaitement avec la psychologie de la protagoniste du film, très bien interprétée par Bel Powley que l'on peut retrouver également dans "Une lueur d'espoir" sur Disney +.

En effet, le personnage de Miep Gies ne cesse de se voir tourmenter par la compétitivité et la malhonnêteté du milieu mais au lieu de se laisser dévorer par ce dernier, les rôles s'inversent et c'est elle, qui en jouant avec les codes du journalisme, va chercher à s'imposer et à briser la matrice journalistique.

Comme nous le disait la réalisatrice, Cold Copy, malgré ses airs d'un "Le Diable s'habille en Journaliste" s'apparente plus à une relecture du mythe de Frankenstein. Miep Gies se faisant passer la plupart du temps pour la "créature" du protagoniste Diane Heger (interprété de manière glaçante par Tracee Ellis Ross) mais qui, au final, va chercher à se retourner contre elle.

Pour finir, nous sommes face au long métrage le plus puissant de la compétition en terme d’efficacité, de propos et de réinvention dans la mise en scène.

Un film qu’il ne faudra donc pas louper quand lui aussi sortira dans les salles obscures.



1 - LaRoy de Shane Atkinson

Résumé : Ray, homme sans le sou, est soudainement pris pour un tueur à gages. N'ayant rien à perdre, il décide de jouer le jeu… mais celui dont il a emprunté l'identité vient régler ses comptes.

Voici donc pour finir le film coup de cœur de votre rédacteur... et du Festival !

Dès son ouverture, Shane Atkinson dévoile une sacrée plume dans l'écriture des dialogues, la mise en place et l'évolution des événements.

Le film s'ouvre sur une scène assez simple d'aspect puisque nous suivons un homme en voiture, seul, qui, au hasard d'un tournant, laisse monter à bord de son véhicule un autre homme qui faisait du stop, suite à un problème avec sa voiture. Se déroule alors une pseudo scène d’interrogatoire où les deux hommes se posent des questions sur leurs vies respectives, rient ensemble et passent du bon temps. Puis vient dans la discussion l’inquiétude que certaines personnes ont à l’idée de prendre ou d'être pris en stop sur la route tard la nuit. S'en suivent un changement d'ambiance radical et une rupture de ton très maligne au niveau des jeux d'acteurs.

L’homme pris en stop ne pourrait-il pas être quelqu'un de malveillant, ayant simulé son problème de voiture pour faire passer un mauvais quart d'heure à son sauveur ? Sauveur qui va aussitôt laisser entendre que lui aussi pourrait être dangereux pour son hôte.

La scène et les personnages vont alors jouer avec les attentes du spectateur en lui promettant en quelque sorte, qu'il y a bien un tueur dans cette petite voiture… mais qui ?

Pour ce qui est de la suite, l'œuvre va constamment travailler cette surprise qu'il peut susciter chez le spectateur, que ce soit face aux choix ou face à l'alliance de certains protagonistes que l'on n'aurait jamais pu imaginer porter le film ensemble sur leurs épaules, mais si ! et cela fonctionne merveilleusement bien, en très grande partie grâce à l'écriture des dialogues et à l'évolution dramaturgique très maligne des situations, déjouant constamment nos attentes.

Le tout fonctionne à merveille également grâce aux acteurs et actrices, mention spéciale à l'acteur principal John Magaro et à son acolyte hilarant Steve Zahn. Le duo fonctionne superbement et n'est pas sans rappeler d'autres duos iconiques des films réalisés par Joel et Ethan Coen, réalisateurs de nombreux films devenus cultes comme Fargo ou encore The Big Lebowski.



Le propos du long métrage est également captivant, LaRoy, cette ville où tout le monde s’ennuie sans magouilles, tromperies ou autres crimes, une ville où la population existe pour embêter, tromper l'autre, une ville où la population rêve de grandeur et d'estime comme en témoigne parfaitement le personnage de Skip détective complètement fauché et souvent à coté de la plaque. Sans oublier notre protagoniste principal Ray qui ne fait que subir les autres la plupart du temps et qui va avoir, dans un grand quiproquo, l'opportunité d'arrêter de subir et de devenir quelqu'un. Mais à quel prix ?

Celui de fonctionner comme fonctionne la population de LaRoy ou d'essayer de naviguer entre et de devenir quelqu'un en s'affranchissant de tout code ?

Pour ce qui est de la mise en scène, cette dernière reste très classique tout en étant très efficace. Ici, pas de mouvement de caméra grandiose, non, Shane Atkinson décide la plupart du temps de poser un cadre et de le laisser devenir palpitant grâce aux mouvements et répliques ciselés des acteurs et actrices. Le tout accompagné par un excellent tempo comique du à un montage au cordeau.

Vous l'aurez donc compris, votre rédacteur donne, tout comme le Festival, le GRAND PRIX à LaRoy, un film qui, lui aussi, ne devra point être loupé tellement il regorge d'idées et de surprises.



C’étaient donc les trois œuvres cinématographiques qui auront le plus retenu notre attention et que nous vous encourageons à découvrir quand elles seront à votre disposition sur le grand écran blanc. Ce 49ème Festival regorge de plusieurs autres surprises dont nous parlerons avec plaisir dans un futur article sur le site.

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