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[CRITIQUE] On Falling : L'amour est mort ?

  • Photo du rédacteur: Adam Herczalowski
    Adam Herczalowski
  • il y a 3 minutes
  • 3 min de lecture

Réalisation : Laura Carreira

Scénario :  Laura Carreira

Photographie : Karl Kürten

Montage : Helle Le Fevre

Musique : Ines Adriana

Acteurs Principaux :  Joana Santos, Neil Leiper, Ola Forman

Sortie : 15 octobre 2025

Durée : 1 h 44

Genre : Drame

Société de production :  Sixteen Films, Bro Cinema

Société de distribution : Goodfellas (France)

 

Critique : 


Le cinéma britannique porte sur ses épaules les grandes heures du réalisme social. De son plus grand représentant Ken Loach avec les remarquables Raining Stones (1993) ou encore Sweet Sixteen (2002) en passant par Mike Leigh et son notable Secrets et Mensonges (1996). Le genre fut totalement codifié par ses plans de caméra rapprochés sur des personnages, d'origine britannique ou étrangers. Habitant dans des taudis et frappé de plein fouet par les difficultés financières qui touchent le Royaume-Uni dans les années 1970, puis la politique réactionnaire et punitive de Margaret Thatcher dans les années 1980. Les cinéastes de l'époque sont braqués sur les conséquences d'une bascule politique et économique, appelant également au rassemblement communautaire face à l'individualisme que Ken Loach portera toute sa carrière, jusqu'à la conclusion de son dernier film The Old Oak (2023), qui centrait son intrigue dans le lieu rassemblant les prolétaires britannique le pub. Le monde a changé, les problématiques sociaux également, mais l'héritage loachien et du réalisme social perdure notamment dans les productions de la boîte de production Sixteen films (co-fondée par Ken Loach et Rebecca O'Brien). Il s'agit de leur dernière production à date que les Rencontres du Cinéma Britannique braque les projecteurs dans la section avant-première.


Toujours plus de colis


Dans la racine de son sujet, On Falling rejoint Sorry We Missed You de Ken Loach sur le sujet des travailleurs pour les plateformes en ligne comme Amazon. Si on ne suit pas un livreur, la caméra se rapproche d'une préparatrice de commandes dans un centre de commande en Ecosse,  du nom de Aurora, une immigrée portugaise. Le film va la suivre dans son quotidien solitaire, comment le travail à la chaîne créer une aliénation et une fêlure dans les contacts sociaux. Notamment dans une collocation enchainée par la boucle des journées qui se ressemblent tous : travail, retour en voiture, manger, regard scotché sur le téléphone et repos. Tous les éléments constituant les journées sans fin de Aurora sont répétés avec une grande insistance, longs travellings sur la préparation des commandes, plan fixe sur les longues séquences de repas où chaque employés ou colocataires regarde son téléphone, où les seules interactions sont hésitantes ou sont créer par une situation (un décès, une demande d'argent,...). On Falling aborde une solitude liée aux conditions précaires, chacun cache ses angoisses des fins de mois, des factures impayés, un monde où chacun est à la même échelle d'existence mais dont la dureté de demander un prêt d'argent, de la nourriture quand le placard est vide. Ce sont dans ces petits détails d'une routine aliénante et identique que la cinéaste va puiser pour raconter cette précarité, les paroles sont inexistantes mais les regards et les gestes parlent (un vol de paquet de chips, un isolement dans la chambre quand la facture commune n'est pas payé,...).  


Un soulagement éphémère


Dans ces gestes identiques, formatés, On Falling sait également quand l'affection d'une personnage n'est que temporaire, mais permet à son personnage de respirer dans un monde resserré en permanence. Dans sa conclusion, le film va enchaîner diverses scènes hors du quotidien de préparatrice de colis, pour faire voyager son personnage, vers un petit plaisir (des gâteaux), à un maquillage,... Puis quand un entretien épuisant, va donner un rapprochement affectueux dans un parc et d'inquiétude d'un état de santé déplorable, que le film de Laura Carreira touche à la grâce des enseignements du maître Loach. L'acte d'empathie, d'amour envers son prochain, ne permet pas la bascule d'une situation, mais permet de s'accrocher à la vie. Dans une accroche envers son prochain, le film introduit un colocataire dont Aurora va se prendre d'affection amicale puis amoureuse. Si le film à l'élégance de couper court à une quelconque relation amoureuse servant de pommade miracle, divers marques d'affections et de partages permettent à Aurora de vivre avec son prochain un jour de plus. Dans la continuité d'une happy end avortée avec intelligence, une panne au sein du centre donne lieu à un moment de partage, où une insouciance juvénile permet une conclusion de long-métrage en adéquation avec le réalisme social. Une conclusion où l'existence perdure après le générique pour ses personnages et le spectateur, les situations sociales ne se règlent certes pas avec un scénariste de cinéma, mais le communautarisme de gens qui s'épaulent et s'entraide, malgré un lendemain incertain. 


Amour ou amour ?


La note du rédacteur : 4/5 

 



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