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[CRITIQUE] Les enfants vont bien : L’abandon comme ultime geste d’amour

  • Photo du rédacteur: Max
    Max
  • il y a 5 jours
  • 3 min de lecture
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Réalisation : Nathan Ambrosioni

Scénario :  Nathan Ambrosioni

Photographie : Victor Seguin

Montage : Nathan Ambrosioni

Musique : Alexandre de La Baume

Acteurs Principaux :  Camille Cottin, Monia Chokri, Juliette Armanet

Sortie : 3 décembre 2025

Durée : 111 minutes

Genre : drame

Société de production :  Chi-Fou-Mi Productions, coproduit avec STUDIOCANAL et France 2 Cinéma

Société de distribution :  STUDIOCANAL


Synopsis :


Un soir d'été, Suzanne (Juliette Armanet), accompagnée de ses deux jeunes enfants, rend une visite impromptue à sa sœur Jeanne (Camille Cottin). Celle-ci est prise au dépourvu. Non seulement elles ne se sont pas vues depuis plusieurs mois mais surtout Suzanne semble comme absente à elle-même. Mais au réveil, Jeanne découvre que Suzanne a disparu sans laisser d'autres explications qu’un mot. Face à l’incompréhension et à l’impossibilité d’engager une procédure de recherche, Jeanne doit désormais s’occuper des enfants de sa sœur, tout en affrontant ses propres démons.


Critique : 


Après Toni en famille, fabuleuse chronique lumineuse d’une mère débordée, qui avait reçu un accueil plus que chaleureux, le jeune cinéaste Nathan Ambrosioni retrouve Camille Cottin dans un drame qui était attendu au tournant. Présenté au Festival du Film Francophone d’Angoulême, où il a remporté le Valois de Diamant, le film nous plonge dans un récit intime débordant de tendresse. Nathan Ambrosioni instaure dès les premières minutes un climat de malaise dans son œuvre, on sait que quelque chose ne va pas, mais on ne sait pas quoi. Puis très vite on comprend, Suzanne rend visite à sa sœur pour lui laisser ses deux enfants, et disparaît pendant la nuit. De cet évènement marquant, le cinéaste décide d’en étudier les conséquences sur le cercle familial, et c’est là que Les enfants vont bien trouve sa force. On ne sait pas pourquoi Suzanne est partie, et si sa sœur tentera d’abord de la retrouver et de comprendre, c’est très rapidement que le cœur du film trouvera sa place dans la relation entre Jeanne et les deux enfants de Suzanne, Gaspard et Margaux, tout aussi perdus que leur tante et qui devront s’habituer à ce nouveau foyer dysfonctionnel. C’est assez impressionnant de voir un cinéaste de 26 ans aborder d’une manière aussi frontale la dure réalité qui se cache derrière les disparitions volontaires, en choisissant de mettre de côté le pourquoi afin de se concentrer sur les conséquences de ce dernier sur les familles. Chaque thème se retrouve subtilement distillé, de la maternité à la santé mentale, sans jamais alourdir ce récit de reconstruction. 


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Un regard empreint de détresse


L’autre force de ce film est qu’il se refuse à juger le choix de Suzanne, l’abandon ne devient pas ici une forme de lâcheté mais une preuve d’amour ultime, un choix difficile mais nécessaire, celui d’une mère qui a perdu pied, et qui décide de lâcher prise avant de se noyer avec ses enfants. Il se dégage alors une bienveillance vis-à-vis de ce choix, qui permet de ne jamais diaboliser la personne disparue mais au contraire d’y voir un geste fort et courageux aussi difficile soit-il. Tout comme dans Toni en famille, Ambrosioni parvient à donner à ses personnages une force émotionnelle remarquable, toujours discrète mais définitivement palpable. Le personnage de Juliette Armanet, bien que très peu présente, hante le film de son absence. On ressent l’inquiétude de Jeanne, l’étouffement que ce changement dans sa vie lui procure, sa colère, la peur de ne pas être à la hauteur, son besoin d’être accompagnée. Camille Cottin est une fois de plus très convaincante, conjuguant à merveille fragilité et force d’une scène à l’autre, évoluant en même temps que ces enfants. 


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La plage, terreau fertile de la confiance


Ces enfants se révèlent d’ailleurs être un véritable moteur émotionnel, Ambrosioni réussissant à capter leur détresse et leur colère sans jamais en faire trop, offrant certaines scènes particulièrement redoutables de par leur justesse. On est touché devant ces enfants et cette tante qui tentent de s’apprivoiser, maladroitement, silencieusement mais toujours de manière profondément sincère et jamais forcée. Le cinéaste se permet même d’offrir à la fabuleuse Monia Chokri un second rôle qui apporte beaucoup de fraîcheur au récit, et permettant de développer plus en profondeur les regrets et la solitude du personnage de Camille Cottin. Tout s’imbrique parfaitement, et on se retrouve donc devant une œuvre au travail d’écriture exemplaire.


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 La reconstruction par l’accompagnement


Nathan Ambrosioni aime ses personnages et ses acteurs, et cela se voit. Une grande tendresse se dégage de ce troisième long métrage, baignant peu à peu ce nouveau foyer initialement froid d’une lumière chaude à la fois réconfortante et rassurante, une lumière qui nous chuchote dans le creux de l’oreille que « les enfants vont bien ». 

Une très belle réussite qui laisse difficilement indifférent et qui place définitivement le jeune cinéaste au cœur du paysage cinématographique français.


La note du rédacteur 4/5. 

 


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