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Une Bataille Après L’Autre : Finalité d’un questionnement sur l’Amérique

  • Photo du rédacteur: Albator
    Albator
  • 24 sept.
  • 4 min de lecture
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Réalisation : Paul Thomas Anderson

Scénario :  Paul Thomas Anderson

Photographie : Paul Thomas Anderson et Michael Bauman

Montage : Andy Jurgensen

Musique : Jonny Greenwood

Acteurs Principaux :  Leonardo DiCaprio, Alana Haim, Sean Pean et Benicio del Toro

Sortie : 24 Septembre 2025

Durée : 161 minutes

Genre : action, comédie noire, drame, policier, thriller

Société de production :  Ghoulardi Film Company, en coproduction avec Warner Bros. Pictures

Société de distribution :  Warner Bros. Pictures

 

Critique : 


Après un début très remarqué grâce à quatre films identifiables notamment par leur aspect émotionnel très fort, Paul Thomas Anderson a effectué un virage dans sa filmographie vers un cinéma plus austère centré sur ses questionnements à propos des Etats-Unis, mettant cependant un temps d'arrêt à cette réflexion à la fin de Inherent Vice, dernier film en date portant réellement sur le mal américain et son influence cette fois-ci sur la société américaine des années 70. Mais depuis le mandat de Nixon, l’Amérique à grandement évoluée vers une politique fasciste propulsée par la réélection à la présidence de Donald Trump, dont Anderson à déjà abordé la question de manière assez secondaire dans The Master avec la figure et l’autorité de Lancaster Dodd et dans Inherent Vice. Ainsi, Une Bataille Après L’Autre se tâche d’aborder cette interrogation de manière directe afin de filmer le chaos dans lequel les Etats-Unis sont plongés, faisant écho avec le même tumulte que montrait Ari Aster plus tôt cette année dans Eddington, mais en tâchant aussi de donner une conclusion aux réflexions de Paul Thomas Anderson trouvant ici tout leur sens.


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“La révolution face au totalitarisme”


Constat sur le mal américain actuel


Annonçant son récit par un nombre inédit de travelling à l’épaule, utilisés habituellement à de rares moments pour symboliser visuellement le chaos émotionnel ou narratif mais qui vont être réutilisés ici pour suivre le personnage de Leonardo DiCaprio, Paul Thomas Anderson entame l’une de ses oeuvres les plus importantes de sa filmographie en créant une semi-rupture dans sa photographie toujours soignée en y ajoutant plus fréquemment une instabilité en lien direct avec l’atmosphère que vont traverser les protagonistes. En plaçant son film dans la lignée des thrillers américains qui ont suivi l’assassinnat de Kennedy en 1963, cette subtilité dans sa manière de filmer permet de situer le spectateur dans la même situation de paranoïa et de tension constante, accompagnant alors parfaitement un protagoniste révolutionnaire essayant d’échapper à la police d’état d’un gouvernement profondément fasciste. 


“I see the worst in people”. Cette phrase prononcé par Daniel Plainview, personnage interprété par Daniel Day Lewis dans There Will Be Blood, à été le centre d’une méditation sur 18 ans de Paul Thomas Anderson à propos d’un mal ancré dans l’histoire américaine, d’abord illustré par la naissance d’un capitalisme véreux s’opposant à la forte présence de la religion dans les foyers américains dans There Will Be Blood, jusqu’à l’illustration du capitalisme lié à la présidence de Richard Nixon puis de Ronald Reagan mettant fin à une ère de contre-culture américaine liée à la lutte dans la guerre du Vietnam dans Inherent Vice. Une Bataille Après L’autre se place comme digne conclusion à cette réflexion en mettant la lumière sur un mal présent en substance depuis le premier film de cette lignée mais qui, avec l’Histoire se place aujourd’hui comme grand fléau frappant particulièrement l’Amérique après la réélection de Donald Trump, une Amérique incarnant tout ce que Paul Thomas Anderson a critiqué sur ses 18 ans de cinéma à ce propos.


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“De génération en générations”


En ancrant une nouvelle fois son intrigue dans une frontière fine entre la réalité du gouvernement de Donald Trump et la fiction, Une Bataille Après L’Autre fait dans un premier temps un bilan funeste d’une nation gouvernée par une oligarchie blanche instaurant des lois profondément xénophobes, montrée ici par des populations mexicaines enfermées dans des cages à ciel ouvert près d’un grand mur. Face à cette issue, Anderson invoque une solution à sens unique : prendre les armes et se battre pour regagner les libertés que l'autoritarisme prend aux individus. Mais si ce combat échoue en premier lieu, le titre du film prend tout son sens. Si un combat doit être mené contre le totalitarisme, il nous est montré comme devant être transmis à des générations futures afin de faire perdurer les valeurs de cette confrontation pour, à terme, en faire partie. Si le Eddington d’Ari Aster restitue un désordre en accablant les deux côtés d’une même pièce, tombant dans un nihilisme en ne montrant pas de porte de sortie à cette situation, Une Bataille Après L’Autre constate le mal américain actuel et les manières dont il opère pour finalement apporter la seule solution à son sujet : la lutte. 


Au final, Une Bataille Après L’Autre apporte la réponse à une question posé par le cinéaste depuis maintenant 18 ans, en faisant un constat glaçant à propos de la situation actuelle des Etats-Unis dans un film périlleux, placé dans le sillage d’un cinéma de paranoïa post-Watergate mais ici actualisé par la fresque d’un pays aux tendances totalitaire. Néanmoins, avec ce constat, Paul Thomas Anderson montre une manière de combattre cet autoritarisme avec une cause prenant les armes et transmettant ses valeurs aux générations futures.


La note du rédacteur : 5/5 


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