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[CRITIQUE] Acide : Un périple désespéré face à l’impossible

Dernière mise à jour : 2 févr.



Réalisation : Just Philippot

Scénario : Yacine Badday et Just Philippot

Acteurs principaux : Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach

Sortie : 20 Septembre 2023

Durée : 1 h 39

Genres : Fantastique, Catastrophe, Drame

Sociétés de production : Bonne Pioche Cinéma, Pathé Films, Caneo Films, France 3 cinéma, Umedia

Société de distribution : Pathé Distribution



Introduction :


Just Philippot est un réalisateur s'étant déjà illustré avec un film de genre nommé La Nuée (2020) notable dans son utilisation habile d’un concept fantastique autour des sauterelles pour parler de problèmes familiaux et des difficultés d’une agricultrice. Une proposition dans le paysage du cinéma fantastique français qui n’a pas forcément eu le succès qu’il méritait. Il revient donc cette année avec Acide, un long métrage adapté d’un court métrage du même nom qu’il a réalisé en 2018 avec Sofian Khamess dans le rôle-titre. Un long-métrage ambitieux sur le papier, mais est-ce réussi pour autant ?


Synopsis :


Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluies acides et dévastatrices s'abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s'unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d'y échapper.


Critique :


Un casting réussi


L’existence même de ce film en France relève presque d’un miracle. Acide est clairement une réussite. Un film angoissant, ambitieux, intense et parfois même terrifiant. Même si certains éléments sont moins réussis voire assez ratés, le plaisir du visionnage reste intact, le film étant suffisamment généreux pour compenser ses lacunes.

Guillaume Canet assure dans un rôle à contre-emploi dès une scène d’ouverture surprenante où la rage et la brutalité du personnage explose littéralement à l’écran. C’en est même assez déroutant et ça pourrait perdre certains spectateurs dès le début. Il restera très convaincant durant le reste du long-métrage jouant un père dépassé par les évènements mais qui va malgré tout essayer de survivre et de sauver sa fille et son ex-femme. Cette dernière est interprétée par Laetitia Dosch et elle campe bien un personnage elle aussi dépassé mais courageuse. Enfin, Patience Munchenbach qui interprète Selma se révèle convaincante également bien que l’écriture de son personnage soit assez inégale.


Le récit familial au cœur d'une catastrophe écologique



La réalisation au service de l’immersion


Pour ce qui est de la mise en scène, c’est là que ça devient encore plus intéressant. Just Philippot arrive à apporter sa patte au film catastrophe en privilégiant un aspect intimiste constant et au plus près de ses personnages et de leurs problèmes sans pour autant sacrifier le spectaculaire et le rythme. On le voit dès sa scène d’intro sans concessions presque documentaire qui permet d’ancrer directement le récit dans le réel.


La question climatique revient souvent au début du film et même si l’idée de pluies d’acide lié à ce dérèglement est fantaisiste, les différents JT et dialogues du film permettent de mieux faire passer ces évènements et de tout de même pousser une réflexion sur notre rapport à la planète et à quel point nous l’avons exploité. Mais au-delà de ces interrogations aussi bien environnementales que sociétales (Le personnage de Guillaume Canet étant un ouvrier et manifestant notoire).


Le cinéma catastrophe dans toute son ampleur face à l'humain



Le film réussit avant tout à nous divertir. Certes, il n’y a pas de scènes véritablement spectaculaires avec beaucoup de destructions de grandes villes mais les quelques scènes nous montrant ces fameuses pluies d’acide sont suffisamment bien dosés et utilisés pour ne pas nous frustrer et tirer parti de son petit budget. Les effets spéciaux sont d’ailleurs impeccables. Les nuages noirs, les pluies d’acide, les décors détruits, les corps déchiquetés, tout semble totalement réel et ça en devient presque perturbant tant le réalisateur cherche à rendre palpable cette histoire.


On pourra regretter une violence timide qui aurait pu aller un peu plus loin mais là encore, c’est compensé par l’intensité des scènes et de certaines situations absolument terrifiantes. La photographie très grise peut déplaire mais colle parfaitement à cette volonté de réel et d’angoisse et nous offre certains plans vraiment bien pensés et mémorables.


Une écriture imparfaite


Enfin, il est temps de parler du scénario. L’histoire du film se tient avec un bon enchainement de lieux et de situations différentes, quelques poncifs du film catastrophe par moment mais c’est assez léger et l’aspect très réaliste du film compense ces problèmes. Acide brasse plusieurs thématiques comme l’écologie, mais aussi le climat de terreur grandissant avant que les pluies d’acide arrivent en France. Plusieurs JT en parlent dans d’autres pays mais cela n’inquiète qu’une petite partie de la population qui parait paranoïaque aux yeux des autres. Difficile de ne pas y voir un parallèle avec la crise de la Covid-19 qui a tant marqué notre société mais aussi le réchauffement climatique sur le long terme. Le film évoque également la lutte des classes notamment durant son introduction même si cela reste en surface.


L'humanité regardant le monde se consumer



Plusieurs thématiques intéressantes qui permettent au film de ne pas être un simple film catastrophe bourrin comme il en existe beaucoup. Les personnages sont quant à eux très appréciables car même si ce ne sont pas des personnes parfaites, ce sont justement leurs défauts qui leur permettent de prendre vie et de faire ressortir leur humanité.


Même si cela n’excuse pas tout car le comportement de Selma durant le film en tant qu’ado rebelle passe encore même si un peu agaçant par moments, mais c’est surtout durant la scène finale que le personnage fait preuve d’une grande stupidité qui nous sort légèrement du film. Sa réaction est compréhensible mais c’est tout de même un peu exagéré et la scène aurait pu être amenée d’une toute autre façon. Cela fait partie des défauts du film mais d’autres de ses scènes brillent par leur intensité, comme celle du pont totalement surprenante et angoissante qui permet au film de devenir mémorable dans le traitement de certains personnages.


Conclusion :


Acide est un film catastrophe français qui fait du bien. Du fait de son ambition, ses nombreuses idées, son intensité, son casting, sa mise en scène, ses effets spéciaux remarquables et certaines scènes mémorables. Ce nouveau film de Just Philippot, malgré ses défauts d’écriture, arrive à nous faire vivre le périple désespéré de ses protagonistes face à une menace qui les dépasse. En espérant que cela encourage d’autres auteurs à se lancer dans la production de films de genre.


La note du rédacteur : 3,5/5



 

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