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Photo du rédacteurAdam Herczalowski

[CRITIQUE] Alien : Romulus - Musée interactif


Réalisation : Fede Álvarez

Scénario : Fede Álvarez et Rodo Sayagues d'après les personnages créés par Dan O'Bannon et Ronald Shusett

Photographie : Galo Olivares

Montage : Jake Roberts

Musique : Benjamin Wallfisch

Acteurs Principaux : Cailee Spaeny, Isabela Merced, Archie Renaux

Sortie : 14 août 2024

Durée : 1h59

Genre : Horreur

Société de production : 20th Century Studios et Scott Free Productions

Société de distribution : 20th Century Studios

 

La saga Alien fut reconnue et acclamée pour ses opus appréciés du plus grand nombre, notamment son épisode fondateur, Alien : Le Huitième passager (1979) par Ridley Scott ou le militarisme du Aliens (1986) de James Cameron. Un rejet catégorique qui va de pair avec cet amour porté par ses fans, notamment avec le nihiliste Alien 3 (1991) de David Fincher ou le grand guignolesque Alien, la résurrection (1997) de Jean-Pierre Jeunet. Au travers de hauts et de bas (Alien vs. Predator, 2004), la licence de la dénommé 20th Century Studios continue d'exister au dépend de son rachat par la firme aux grandes oreilles (Disney). Comme tant de licences exploitées par volonté nostalgique et commerciale, Alien : Romulus par le cinéaste uruguayen Fede Álvarez (Don't Breathe, Evil Dead) arrive dans une volonté de "réévaluer la saga" selon le studio. À la suite des mauvaises réceptions des derniers films : Prometheus (2012) et Alien : Covenant (2017), tous deux réalisés par Ridley Scott

 

Synopsis :

 

"Alors qu’il entreprend des fouilles dans une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes voyageurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l'univers…"


Critique :


Les fondations de Rome toujours solides


Le choix du cinéaste Fede Álvarez au-delà de son appartenance au cinéma horrifique, est pertinent à plus d'un titre. Dans ses précédentes réalisations, l'horreur était portée sur la réaction et l'action du corps humain, notamment dans Don't Breathe où l'immobilité créer des outils de retranscription de la peur (transpiration, respiration interdite, mouvements muselés). Alien : Romulus profite de ces outils pour recréer la peur primitive, dont fut originellement la source de terreur du film de 1979, le prédateur à la connotation phallique. La terrifiante première appariation en meute des Facehuggers permet la résurgence du viol buccal ou la première apparition de la créature freudienne, l'autre, l'inconnu dont le premier acte de naissance est le parricide (Navarro, Aileen Wu), cherchant obstinément une proie féminine. Le cinéaste se permet une cruauté féroce dans les attaques brèves mais savoureusement brutales de la mythique créature. L'Alien sous les deux préquels que furent Prometheus et Alien : Covenant l'ont radicalement transformé en outil fascinant d'ésotérisme et de création pour l'androïde génocidaire David (Michael Fassbender), la peur quant à elle s'est évaporé. Le choix de repartir sur des bases connues, à savoir un équipage de jeunes travailleurs esclaves de la Weyland-Yutani, permet au cinéaste d'évoquer un de ses thèmes de prédilections, la jeunesse confrontée à l'ancienneté. Une équipe de jeunes acteurs et personnages parcourant un vaisseau respirant la traque incessante de l'entreprise Weyland par le biais du Xénomorphe mais également une certaine nostalgie.


La peur primaire


La trahison dans tout ça ?


Dans la légende romaine, la ville de Rome fut fondée par deux frères abandonnés par leurs géniteurs Rhéa Silvia et le dieu Mars et élevés par une louve (Lupa en latin). La jeunesse chez Fede Álvarez est abandonnée à son sort, elle veut s'évader de sa condition en créant une nouvelle vie ailleurs. L'allusion mythologique rappelant un certain chemin parcouru par Ridley Scott et ses préquels. Où les ingénieurs habitaient dans des cités grecques et leur apparence n'étant pas sans rappeler les statuts qui y furent érigés. Si la station du film est divisée en deux parties, Romulus et Rémus, les deux jumeaux fondateurs de Rome, dont l'un trahit l'autre. Notion importante dans la saga Alien, dont chaque opus avait la particularité de détruire une partie des fondations de son prédécesseur (Aliens donnant des noms à la mythologie du film de Scott). Si Alien : Romulus se calque sur des citations du père fondateur mais aussi des opus ultérieurs chronologiquement, le long-métrage reste dans la démarche constante de la nostalgie. Ainsi Alien : Le Huitième passager devient le Rémus de l'histoire à contrario de parachevé l'allégorie de Romulus tuant son frère. Fede Álvarez brise une coutume de la saga, la trahison de ses prédécesseurs auxquels il fait référence et enchaîne les hommages, y compris les conspués prequels de Ridley Scott jusqu'à une certaine overdose. Cette nostalgie sévissant à Hollywood depuis la sortie du médiocre Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force (2015) pollue également la licence jusqu'alors à l'écart de cette pratique. Contrairement au long-métrage de J. J. Abrams, il jouit d'un metteur en scène ayant les épaules pour proposer un film nostalgique plastiquement (grain de l'image) et recelant des pistes de réflexions appréciables, ne mettant aucun opus de sa saga sur le banc.


Ne touche pas à ma nostalgie !


En tirant sa source du mythe de la fondation de Rome, Alien : Romulus s'établie comme le jumeau de l'intouchable Alien : Le Huitième passager (Rémus), en le décalquant à outrance. Cependant tapie dans l'ombre, une œuvre sur une jeunesse abusée par la sphère d'en haut, qu'un nouveau démiurge devenant informe dans son dernier tiers passionnant. Malgré une cruauté maternelle et une renaissance loin de l'exploitation capitaliste Weyland-Yutani, ce nouvel opus apparaît comme un réconfort de citations outrancières. A contrario de son discours sur la célèbre entreprise de la licence. Fede Álvarez destine cet opus parfaitement usiné aux spectateurs déçus de l’orientation ésotérique de Ridley Scott, en agitant le drapeau du fan.  


La note du rédacteur : 3/5


 

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