Réalisation : Jessica Hausner
Scénario : Jessica Hausner et Geraldine Bajard
Acteurs principaux : Mia Wasikowska, Side Babett Knudsen et Florence Baker
Sortie : 27 septembre 2023
Durée : 1 h 50
Genres : Drame, Thriller
Sociétés de production : Coproduction Office, Arte et Coop99
Sociétés de distribution : BAC Films, Filmladen
Nouveau film de la réalisatrice Jessica Hausner déjà derrière Amour fou (2014) et Little Joe (2019), Club Zero a été présenté en compétition au dernier Festival de Cannes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette oeuvre a divisé la critique. Alors, est-ce une proposition audacieuse ou simplement un pétard mouillé ?
Synopsis :
Miss Novak rejoint un lycée privé où elle initie un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans qu’elle éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.
Critique :
Un film polémique
Après sa projection au Festival de Cannes, les avis étaient partagés. Certains criaient au génie, d’autres trouvaient le propos du film abject. Le film prend des risques et n’hésite pas à imposer son style et son message quitte à en laisser certains sur le carreau. Club Zero devient grâce à cela une œuvre unique et marquante. Portée par un jeune casting talentueux interprétant de jeunes écoliers aux profils variés, le film de Hausner réussi un exercice difficile, nous faire attacher mais aussi nous faire détester des personnages influençables et contrôlés par la protagoniste principale : Miss Novak joué par Mia Wasikowska, actrice australienne notamment vu dans le Alice aux pays des merveilles (2010) de Tim Burton, elle interprète ici à merveille une femme manipulatrice et au double jeu cherchant à provoquer la sympathie tout en cachant une certaine malice. Un personnage à l’image du long-métrage qui derrière son aspect simpliste cache un réel talent de mise en scène.
Une réalisation perturbante
Derrière la caméra, Jessica Hausner cherche à nous perturber autant que ces jeunes écoliers. Une majorité de plans fixes sont utilisés avec régulièrement des zooms effectués progressivement comme si nous étions témoins de cette lente descente aux enfers. La photographie est très lumineuse, très blanche, souvent symétrique, presque trop propre comme si on était face à une publicité. Cet aspect décalé renforce ce sentiment de malaise qui est accentué par la bande originale constituée principalement de percussions et de sonorités étranges en adéquation avec l’étrangeté du long-métrage.
Le grand angle qui capture le contrôle
Même si les évènements qui nous sont montrés sont dérangeants, c’est clairement la mise en scène qui permet de nous mettre mal à l’aise, nous faisant sentir que quelque chose d’étrange a lieu derrière ce groupe d’écoliers. Certaines scènes sont encore plus fortes en termes d’imagerie notamment les 10 dernières minutes avec un tableau qui prend littéralement vie et une réunion à l’issue aussi comique que perturbante.
Des thématiques fascinantes
L’histoire du film, tout comme la mise en scène, se veut assez ambiguë. Cette secte qui se forme dans une école prestigieuse sous la direction d’un personnage charismatique pose d’abord la question de la nutrition. Elle prône une alimentation faible voire inexistante afin de se sentir au mieux dans son corps. D’abord mal vue, cette technique finira par plaire à de nombreux écoliers qui vont l’appliquer à la lettre.
On peut directement se sentir mal à l’aise face à cette idéologie insultant et rabaissant les personnes ayant plus de poids que la moyenne. Mais cette thématique est très vite mise de côté pour s’intéresser principalement au pouvoir d’influence de certaines figures d’autorités ici Miss Novak.
Le reflet d'un sombre secret au sein d'une apparence des plus normale
Malgré l’absurdité évidente de certaines de ses techniques, certains élèves les utilisent toutes assidument au point de détruire leur propre santé et leurs interactions sociales que ce soit au sein de leur école mais aussi dans leur famille. Ils ont totalement confiance en Miss Novak qui exploite leurs faiblesses pour mieux les contrôler en dépit de leurs parents. La passivité et l’incompréhension des parents sont d’ailleurs illustrées à de nombreuses reprises particulièrement durant une scène finale pleine de cynisme. C’est à travers toutes ces thématiques que cette secte devient aussi intéressante que profondément dérangeante tout en ajoutant quelques touches d’humour noir (une scène incluant du vomis par exemple).
Club Zero va clairement diviser le public. Néanmoins, grâce à ses prises de risques, son ambiance malsaine, sa réalisation, son actrice principale et son histoire brassant de nombreuses thématiques fascinantes, Jessica Hausner parvient à nous perturber autant que ces jeunes écoliers. Un vrai tour de force.
La note du rédacteur : 4/5
L'avis des autres rédacteurs :
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