Réalisation : Matt Winn
Scénario : Matt Winn et James Handel
Acteurs Principaux : Rufus Sewell, Shirley Henderson et Olivia Williams
Sortie : 17 juillet 2024
Durée : 1h30
Genre : Comédie
Sociétés de productions : Parkland Film Capital, Finite Films et Relevate Ventures
Société de distribution : Paname Distribution
L'humour du cinéma Britannique a toujours était une source de méchanceté envers ces personnages, portant une volonté de pointer du doigt un quotidien en place défaillant. Le premier long-métrage de Matt Winn ne déroge absolument pas à la règle, aigreur, décalage, Dîner à l'anglaise ou The Trouble with Jessica en version originale utilise le théâtre de marionnette pour maltraité un statut quo cachant sur le tapis, une grande hypocrisie sociale.
Synopsis :
"Sarah et Tom sont en proie à de graves difficultés financières : leur seule solution est de vendre leur maison londonienne. Lorsque leurs amis débarquent pour un dernier dîner, Jessica, une vieille amie, s’invite et se joint à eux. Après une dispute à première vue sans importance, Jessica se pend dans le jardin. Tom s’apprête à appeler la police lorsque Sarah réalise que si l’acheteur l’apprend, la vente tombera à l’eau, ruinant ainsi leur couple. La seule façon de s’en sortir est de ramener le corps de Jessica dans son propre appartement. Après tout, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?"
Critique :
Le problème avec le confort
Le premier plan du long-métrage est un travelling sur la porte de la maison où va se dérouler une grande partie de l'intrigue. Mise en situation classique pour une invitation proposée au spectateur d'entrer dans un huis clos théâtrale autour d'un dîner virant au déliage de langue. Les dialogues savoureux décrivent à la fois le statut de ses personnages et le venin qu'ils se portent l'un envers l'autre, notamment entre Sarah (Shirley Henderson) et Jessica (Indira Varma). L'une ne supportant pas les regards de séductions, inséminant le passé des personnages, une connexion presque incestueuse par des liaisons amoureuses entre amis. Instaurant dès lors le début d'un conflit cher à Agatha Christie, lorsque la tragédie s'abat sur le repas morose. Matt Winn joue habilement avec sa tournure scénaristique pour diviser son film en divers actes de théâtre portant les titres “The Trouble with". Dîner à l'anglaise profite de son lieu pour jouer diverses entrées et sorties de scènes, dans un théâtre de marionnettes où ses personnages sont en prise avec leurs décisions teintées d'égoïsme et d'hypocrisie. Une vie ordonnée pour le cinéaste est synonyme d'un malaise enfoui, porté par Jessica notamment. L'écriture étant d'une grande aigreur revigorante qu'elle dévore quelque peu la mise en scène du film et finit malheureusement par créer lui aussi un statut qu'il ne percera qu'à quelques reprises.
"Un dîner presque parfait"
Le long-métrage opère un pivot de mise en scène agréable, jouant avec l'espace de la maison qui était figé dans sa succession de champs contre champs. L'horizontalité de la maison est pervertie par la verticalité d'une pendaison, les personnages doivent dès lors se dépêtrer de cette situation gênante pour leur statut quo. Libérant les entraves de l'académisme de son introduction de personnages, la verticalité devant sortir de la maison, un burlesque est joué quand le corps inanimé doit être déplacé. Le film utilise son concept non seulement pour dépeindre un nihilisme social mais aussi un confort bourgeois dissimulant son mal être, ses regards portés sur les autres personnes, déjà mis en situation lors du repas au début du métrage. Le quartier typiquement londonien est perturbé par ses propres habitants, où les faux-semblants se dévoilent quand le corps doit être déplacé. La stature sociale, une habitation obtenue au travail et une vie organisée est un masque de mépris, des regards en hauteur notamment sur le passé sulfureux de Jessica sont énoncés. Le long-métrage n'étant pas là pour poser un regard méprisant quelconque sur des situations de pauvretés, d'actions jugées par les hautes sphères comme dégradantes. Au contraire, l'ascension sociale pervertie les émotions et accentue les préjugés allant à l'oubli de la situation de départ et des raisons pour telles actions passées.
Théâtre tout en horizontalité et verticalité
L'humour décalé typiquement Britannique fait son effet dans cette pièce de théâtre d'un murder party non pas sur le mystère d'un meurtre mais des secrets entre amis et voisins. Si la mise en scène de Dîner à l'anglaise se débloque lorsque l'idée du corps à dissimuler se déploie, l'écriture grinçante d'un statut quo incestueux fait son effet. Mensonge, avarice et aigreur sociale sont au rendez-vous d'un dîner copieux de dialogues savoureusement délié.
La note du rédacteur : 3/5
L'avis des autres rédacteurs :
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