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Photo du rédacteurAdam Herczalowski

[CRITIQUE] Marcello Mio : L'héritage contemplant son nombril

Dernière mise à jour : 27 mai


Réalisation : Christophe Honoré

Scénario : Christophe Honoré

Acteurs Principaux : Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Fabrice Luchini

Sortie : 21 mai 2024

Durée : 2h00

Genre : Comédie dramatique

Sociétés de productions : Les Films Pelléas, France 2 Cinéma, Bibi Film et Lucky Red

Société de distribution : Ad Vitam Distribution



L'héritage autant un cadeau qu'une malédiction ? C'est la question de départ du nouveau long-métrage de Christophe Honoré, présenté à la 77ème édition du festival de Cannes. Chiara Mastroianni devenant son défunt père Marcello Mastroianni, un des visages du cinéma italien (La Dolce Vita, Nuits Blanches, …). Une œuvre sur le fantôme paternel, idée intrigante sur le papier. Entouré d'une partie de la famille du cinéma français, interprétant leur propre rôle (Deneuve, Luchini, Biolay,…), cela ressemble de plus en plus à une réunion d'entre-soi.


Synopsis :


Chiara Mastroianni, cernée de toute part par la figure de son père, décide de le faire revivre à travers elle. Elle se fait appeler Marcello, s'habille comme lui et tient à ce qu'on la considère désormais comme un acteur. Autour d'elle, on croit à une blague temporaire, mais Chiara est résolue à ne pas abandonner sa nouvelle identité.

 

Critique :


Pâle imitation


Sur le tournage d'un film dans les rues de Paris, en décors principal, une fontaine, on plonge directement dans la citation (La Dolce Vita, 1960), une partie immergée de l'iceberg du programme proposé par Christophe Honoré. Marcello Mio articule constamment, les fantômes observés dans un miroir, Chiara Mastroianni voit son père dans son reflet et l'obsession d'incarnation émerge, un point de départ confus comme l'articulation du fantôme paternel. "La fille de”, une expression souvent entendue auquel Chiara/Marcello semble s'y consigner. Reflets, gestuelles, le film joue misérablement ses outils, tentant d'explorer le fantôme hantant Chiara autour de scènes conjugales où les interprètes interprétant leurs propres rôles ne sont qu'une version cadavérique d'eux-mêmes. Catherine Deneuve en conflit avec le choix de sa fille de vivre sous les traits de son père, l'incompréhension de Benjamin Biolay (ex-mari dans la vraie vie) en passant par l'admiration de Fabrice Luchini envers un fantôme. Un emballage partant d'un regard envers sa muse Chiara Mastroianni, ressemblant plus à un déballage de confidences familiales d'une autofiction se contemplant le nombril. Une famille s'offrant un film de vacances dans les lieux de tournages, de vies, ne comprenant pas un héritage qui n'est pas tant celui de Honoré que de Mastroianni.


Miroir, qui imite mon père ?


L'héritage de Marcello Mastroianni est expulsé dans des anecdotes que des décalques grossiers de la filmographie du paternel. Une reproduction aberrante de Nuits Blanches (1957) de Luchino Visconti, centrant son intérêt sur une dispute conjugale entre Chiara Mastroianni et Melvil Poupaud, reproduisant le conflit amoureux sans comprendre la déambulation nocturne et les doutes envahissant l'œuvre. Christophe Honoré imite ses ainés, notamment l'idée du film dans le film dans l'héritage fellinien de Huit et demi (1963). Le film fantomatique aurait pu articuler un refuge dans les films du paternel, se réfugier dans les souvenirs comme le film de Federico Fellini. Malheureusement, le long-métrage tombe dans le piège des films observant l'héritage du cinéma, celui d'une métatextualité déballant des noms, des lieux, des scènes emblématiques sans comprendre les citations.


Réunion nombriliste


Opérant une idée proche du film matriciel du regard d'un médium sur lui-même, sans la folie fellinienne, Marcello Mio ressemble à une carte postale du cinéma Italien. L'idée essorée jusqu'à l'os du tournage se résumant à une dispute entre Nicole Garcia et Chiara/Marcello sur le choix de vie. Le film n'étant pas une question identitaire sur son personnage, qu'un film de fantôme composé que de miroirs, les dialogues racoleurs sur l'héritage s’articulent sur un entre-soi, des règlements de comptes à l'admiration d'un vestige du passé. C'est ce qui reste des citations, des références, des échos que le film opère une restitution sans arrière-pensée, sans connaissance d'une famille que Christophe Honoré effleure l'ombre poursuivant cette famille. D'une réunion finissant sur une plage en guise d'énième décalque de l'héritage de Fellini, triste constat nombriliste sur une partie de la famille du cinéma.


Christophe en descente de Fellini


Christophe Honoré se complaît dans ce parcours du deuil avec Marcello Mio. Des reflets, échos ou citations, se rêvant relais d'un certain cinéma Italien mais n'est pas Luchino Visconti ou Federico Fellini qui veut, le tout ressemblant à une vulgaire fixation autocentrée d'un auteur sur sa muse.


La note du rédacteur : 1,5/5


 

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