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Photo du rédacteurAdam Herczalowski

[CRITIQUE] The Apprentice : Le Frankenstein de New York


Réalisation : Ali Abbasi

Scénario :  Gabriel Sherman

Photographie : Kasper

Montage : Olivier Bugge Coutté et Olivia Neergaard-Holm

Musique : Martin Dirkov

Acteurs Principaux :  Sebastian Stan, Jeremy Strong, Maria Bakalova, Martin Donovan

Sortie : 9 octobre 2024

Durée : 2h00

Genre : biopic

Sociétés de production :  Scythia Films, en coproduction avec Profile Pictures et Tailored Films, en coproduction exécutive avec Hidden Media et Kinematics

Société de distribution :  Metropolitan FilmExport


En s'attaquant à un biopic sur une personnalité aussi outrancière et médiatisée que Donald Trump (Sebastian Stan) est un défi de taille pour Ali Abbasi. Adepte des longs-métrages sur les monstres comme dans Border (2018) et sur la cruauté humaine dans Les Nuits de Mashhad (2022). L'ancien président américain en lice pour la prochaine élection, vu par un cinéaste de la monstruosité, attise la curiosité mais également une crainte d’une fascination pour des images. Ce résultat est The Apprentice prenant le parti pris de retracer les jeunes années du Golden Boy durant les seventies et eighties, se retrouve dans une curieuse frontière entre l'imagerie clinquante et la naissance de l'ogre new-yorkais.  

 

Synopsis :  


"Véritable plongée dans les arcanes de l'empire américain, The Apprentice retrace l'ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn."

 

Critique : 


Make The Monster Great Again 


Le choix opéré par Ali Abbasi est de confronter Donald Trump sur son propre terrain, celui de l'extravagance par son introduction rock 'n' roll. Citant la téléréalité éponyme qui fut la vitrine promotionnelle de la fortune et la vulgarité de l'homme d'affaires américain. Des plans en plongée sur les bâtiments luxuriants new-yorkais et une énergie musicale se voulant punk, basculant constamment d'une image granuleuse des seventies au 16mm, vers la VHS des eighties. The Apprentice prend l'apparence d'un monstre en pleine mutation, à l'image d'un jeune Trump d'abord incompétent puis devenant un ogre de la finance. Le film se veut aussi vulgaire et grossier que son protagoniste. Ridiculisant à souhait un jeune Trump entrant dans l'économie américaine, se révélant inconscient du monde véreux qu'il veut intégré, devenant peu à peu une créature masculine reaganienne prônant l'opulence, l'extravagance et la vulgarité. Cet aspect esthétique d'abord fascinant se retourne contre le film, se révélant être un exercice esthétique totalement vain et prend l'apparence de son sujet. Se débattant à vouloir transformer un être humain en personnalité publique, Ali Abbasi tombe dans le piège de l'iconisation d'un monstre médiatique. Donald Trump doit  ironiquement devenir Donald Trump : l'homme ayant accéder au pouvoir par son caractère vulgaire et idiot. D'un jeune en apprentissage avec son créateur (Roy Cohn) devenant le vampire médiatique par une mise en avant de ce même monde en transition entre les années 1970 et 1980 que le cinéaste s'évertue à décalquer. 


Un film monstrueux à l'image de la créature


It's Alive, Alive !


L'ex-président parait inoffensif et idiot aux premiers abords, notamment lors de sa rencontre avec le monstrueux avocat Roy Cohn (Jeremy Strong) lors d’une soirée et ainsi commence à naitre leur affiliation maitre/disciple. Voyant une ambition à l'américaine, celle de Trump pour la finance, un soft power écrasant sur tout sur son passage. Un apprentissage, où Trump est comme la créature du docteur Frankenstein, le biopic va s'efforcer de décrypter comment cette terrible personne est devenue la créature médiatique ayant accédé à la richesse et au pouvoir. The Apprentice se dévoile alors comme un énième parcours des arcanes du pouvoir américain aux Etats-Unis, mais cette fois par le prisme de la création du monstre finissant par vampiriser son créateur. Le film s'attarde dans sa première partie mordante et ironique voit Trump apprendre les leçons de Roy Cohn. Il étudie le terrain, reproduit les préceptes de son maître : "attaque, attaque, attaque", "N'avoue rien, nie tout" et " Quoi qu'il arrive, revendique la victoire, ne t'avoue jamais vaincu". Devenant donc l'ogre que le public observe quotidiennement par ses délibérations ou interventions, prenant la place des autres jusqu'à Roy Cohn lui-même. L'axe intéressant de ce biopic est ce qui fait son défaut, Donald Trump est devenu le monstre qui a tué son maître.  


Le docteur Frankenstein et sa créature


La note du rédacteur : 2,5/5 


 

L'avis des autres rédacteurs :


 


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