Réalisation : Emanuel Pârvu
Scénario : Emanuel Pârvu et Miruna Berescu
Photographie : Silviu Stavilă
Montage : Mircea Olteanu
Acteurs Principaux : Bogdan Dumitrache, Ciprian Chiujdea et Laura Vasiliu
Sortie : 23 octobre 2024
Durée : 1h43
Genre : Drame
Sociétés de production : Publicis Groupe Media Bucharest, MMS Communications Romania, OTP Bank Romania Co-production FAMart Films Production
Société de distribution : Memento Distribution
Depuis plus d'une décennie, la nouvelle vague roumaine s'est imprégnée dans la sphère internationale du cinéma, jusqu'à décroché la prestigieuse palme d'or en 2007 avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu. Le troisième long-métrage de Emanuel Pârvu présenté en compétition et remportant la Queer Palm, marche sur les traces de son ainé roumain et notamment son R.M.N. (2022), dans une certaine rigueur froide et hermétique de la mise en scène sur une société vieillissante, n'acceptant pas ce qui s'éloigne d'un certain nationalisme avec l'arrivé d'étrangers dans le long-métrage de Mungiu ou la différence, à savoir l'homosexualité pour Pârvu. Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde se dévoile comme un successeur caché de la grande auscultation roumaine notamment entreprit dans un certain plan séquence anxiogène de R.M.N.
Synopsis :
"Adi, 17 ans, passe l’été dans son village natal niché dans le delta du Danube. Un soir, il est violemment agressé dans la rue. Le lendemain, son monde est entièrement bouleversé. Ses parents ne le regardent plus comme avant et l’apparente quiétude du village commence à se fissurer."
Critique :
Trois pas jusqu'à la porte
Le long-métrage de Pârvu se déroule également dans un village reclus, substituant cependant la neige de R.M.N. par un soleil omniprésent, le début du film se déroule pourtant dans la pénombre et montre Adi (Ciprian Chiujdea) passant un moment agréable en compagnie d'un jeune garçon en tourisme dans les environs. Dans un plan fixe se déroulant à l'extérieur d'une quelconque maison ou bâtiment, ce qui deviendra moins récurrent au fur et à mesure de la progression du film. L'intimité et le contact amoureux envahit l'écran, sera la seule note optimiste perceptible dans une longue descente dans les abimes d'une civilisation arriéré sur la question de l'homosexualité suivant l'agression du jeune Adi (totalement éclipsé au spectateur). Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde s'évertuent à montrer les réactions d'abord indignées des parents avant d'opérer une lente bascule vers une séquestration terrifiante du jeune garçon, qu'elle soit dans la maison familiale, au commissariat allant jusqu'au cadre de cinéma. Adi se retrouve régulièrement encerclé par ses parents, le policier corrompu du village,... Le film s'attarde avec une grande pertinence sur les divers encadrement de portes de la maison familiale souvent envahi par les divers personnages hostiles envers Adi (parent, prêtre, policier,...) mais également une certaine représentation du christ dans un coin de mur ou d'une porte suite à une scène d'exorcisme voulut par la famille. L'obsolescence familiale d'une société se tenant devant une quelconque porte de sortie vers la liberté de vivre hors des conventions vieillissantes et hostile aux minorités. La seule personne bienveillant envers Adi étant son amie d'enfance, une jeune femme qui rentrera en confrontation a une résilience volontaire d'une représentation maternelle soumis aux conventions familiales traditionnelles.
Emprisonné de toutes parts
Les plans fixes d'une extrême froideur (en provenance de l'école de Mungiu) envahissent également un long-métrage séquestré comme son protagoniste sur les divers diatribes homophobes des divers antagonistes. Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde déroule dès lors cette rigueur de mise en scène étirée jusqu'à sa conclusion par une fausse liberté de fixité par un voyage en bateau, la caméra étant posée sur un bateau en mouvement. Un regret se dessine peu à peu de ne pas apercevoir une quelconque émancipation de la schématisation filmique envahissant le long-métrage de Pârvu. Une structure étant malgré tout solide (le prix du scénario à Cannes n'aurait pas été de refus) dévoilant donc une faille, celle d'un film se sortant jamais des sentiers d'une écriture se basant sur des acquis solides de son discours important mais totalement schématique. Eculant donc une violence envers Adi certes nécessaire a montré mais régulièrement présente, tombant dans un programme régulier d'une souffrance silencieuse et résiliente du protagoniste, se faisant dévoré par l'omniprésence des antagonistes du village, qu'une enquêteuse du service de l'enfance ne parvient en aucun cas à effacer. Une contamination d'une certaine pensée obsolète conduisant à une violence systématique et programmatique d'un cloisonnement de la maison familiale. Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde fait malgré confiance à sa méthodologie filmique millimétré sans débordement, dévoilant un huis-clos anxiogène à la mise en image très distancié de ses sujets, froid, hermétique.
Le cercueil familial
La note du rédacteur : 3,5/5
L'avis des autres rédacteurs :
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