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Photo du rédacteurAdam Herczalowski

[FESTIVAL] 43ème édition du FIFAM : Ouverture aux vaches et aux aliens de Mars Attacks !

Dernière mise à jour : 26 mai



Ce 10 novembre 2023 s'est déroulé l'ouverture de la 43ème édition du Festival International du Film d'Amiens portant sa thématique sur "La Vache". Une édition dont la part belle aux films du passés comme ceux qui construisent le cinéma de demain. On peut trouver toute une floppée de films sous différentes catégories.



La compétition :


Elle est donc composée de longs-métrages (12 films), de courts-métrages (16 films) et cette édition voit la création d'une nouvelle catégorie dans la multitude de films en compétition, celle des des moyens métrages (7 films). Depuis la décision de réunir lors de la précédente édition les documentaires et fictions au sein d'une seule et même compétition, les spectateurs pourront découvrir une palette et proposition où les deux peuvent se côtoyer sur une fine frontière.



Vache-Caméra :


La catégorie centrée sur la thématique de cette 43ème édition met donc à l'honneur la vache au cinéma dans une grande variété de films et de cinéastes qui se sont interrogés sur comment la filmer au cinéma. De documentaires en passant par des fictions, il y en a pour tout les goûts et toutes les envies de cinéma. Voici des quelques films proposés dans cette catégorie.


- Cow (2021) de Andréa Arnold

- Dark Waters (2020) de Todd Haynes

- First Cow (2019) de Kelly Reichardt

- La vache et le prisonnier (1959) de Henri Verneuil

- Profils paysans - La Vie moderne (2008) de Raymond Depardon



Les disparu.e.s d'Amérique latine : Traces et persistance :


Une section qui va se pencher sur les disparu.e.s, prisonnier.ère.s de guerre. Une floppée de films principalement de documentaires (17 films) en provenance d'Argentine, du Brésil, du Chili, etc. Cette sélection de films se portera sur la période qui suit la prise du pouvoir le 11 septembre 1973 par Augusto Pinochet et qui va donner lieu a une période assez sombre de l'histoire du Chili. Ces documentaires se pencheront donc sur ses disparu.e.s du règne de la dictature de Pinochet qui en furent les victimes mais aussi une violence qui fut cachée, une interrogation sur tout un pan de l'histoire du Chili. Cette catégorie est en collaboration avec Les Cahiers du Cinéma et voici quelques films prévus.


- Nostalgie de la lumière (2010) de Patricio Guzmán

- Nuestras Madres (2016) de César Diaz

- El Cielo está rojo (2020) de Francina Carbonell

- Cuatreros (2017) de Albertina Carri



Davy Chou : Anti-Archive :


Cette 43ème édition voit s'offrir un invité d'honneur, le réalisateur franco-cambodgien Davy Chou. Cette catégorie voit la diffusion des films du cinéaste mais aussi des œuvres dont il est producteur avec sa boite de production Anti-Archive. Il accompagnera toutes les projections de cette catégorie (14 films), un évènement qui permettra aussi de mettre la lumière sur le cinéma cambodgien d'aujourd'hui avec l'un des ses plus grands représentants.


- Retour à Séoul (2023) de Davy Chou

- Le sommeil d'or (2011) de Davy Chou

- Le goût du secret (2019) de Guillaume Suon

- White Building (2021) de Kavich Neang



Gay Rom Com :


Catégorie du festival qui va mettre en avant un cinéma (4 films) abordant la question des relations des personnes gay cisgenres sous la coupe du genre de la comédie romantique. Les films aborderont diverses interrogations comme le coming out, la crise du VIH/SIDA, les rapports de classe, le racisme et la position intersectorielle racisée non pas sous des drames larmoyants mais bien des comédies romantiques avec les codes du genre.


- B-Boy Blues (2021) de Jussie Smollett

- Jeffrey (1995) de Christopher Ashley

- Touch of pink (2004) de Ian Iqbal Rashid

- I think I do (1997) de Brian Sloan



Les coups de cœur :


La catégorie verra la diffusion d'avant-premières aussi la venue de différents invités venus présenter leurs films ou alors animés la diffusions de films cultes (La Maison du diable de Robert Wise, 1963, présenté par Ji Drû) mais aussi l'anniversaire des 25 ans Carlotta Films avec la diffusion de la restauration du film Les Sœurs Munakata (1950) de Yazujiro Ozu. Une palette de films qui met en avant les coups de cœur du festival, en voici un avant-goût.


Avant-premières :

- Conann (2023) de Bertrand Mandico : En présence de Sandra Parfait et Nathalie Richard (actrices) et de Gaspard Lafin (distributeur)

- Le Bonheur est pour demain (2024) de Brigitte Sy : En présence de Brigitte Sy, du scénariste Frédéric Serve et de l’acteur Damien Bonnard

- Madame de Sévigné (2024) de Isabelle Brocard : avec la présence de la réalisatrice


Invités :

- Euzhan Palcy avec la diffusion du film Rue Cases-Nègres (1983)

- Nadav Lapid avec la diffusion du film le Genou d'Ahed (2021)

- Maxime Faure et Adam W.Pugliese avec la diffusion du film Les Insulaires (2021)



Un programme riche et varié pour tout les amateurs de cinéma (le festival est ouvert au public) et l'ouverture s'est faite par la traditionnelle cérémonie et avec la diffusion d'un film pimenté et acide sur Hollywood : Mars Attacks ! (1997) de Tim Burton.


Un retour sur ce film culte, à tort méconsidéré du cinéaste, qui a pourtant toute sa place dans une période charnière dans sa filmographie.


Film d'ouverture : Mars Attacks !



Réalisation : Tim Burton

Scénario : Jonathan Gems

Acteurs Principaux : Jack Nicholson, Glenn Close, Annette Bening, Pierce Brosman

Sortie : 26 février 1997 (France)

Durée : 1h46

Genre : comédie, science-fiction

Sociétés de productions : Tim Burton Productions; Warner Bros. Pictures

Société de distribution : Warner Bros. France


Tim Burton est dans une période assez perturbante quand se profile un projet basé sur un jeu de carte à collectionner (Mars Attacks !). La production de Batman (1989) ne s'est pas faite sans accro (contestation du choix de Michael Keaton, tournage éreintant,...), le peu d'intérêt porté au script de Edward aux mains d'argent (1990), la Warner voulant privilégier la suite des aventures du Chevalier Noir qui se fera avec carte blanche en se penchant sur l'expressionnisme pour Batman : le défi (1992). Suivi d'un nouveau succès pour ce deuxième opus mais jugée trop effrayant pour la jeunesse, Burton sera écarté pour le troisième volet, il se focalisera sur la production de l'Etrange Noël de Monsieur Jack (1993) sous la houlette de Henry Selick. Le cinéaste concentre ensuite ses efforts sur ce qui est considéré comme "son plus grand chef d'œuvre" : Ed Wood (1994), biopic romancé sur Edward Davis Wood Junior considéré comme le pire cinéaste de tout les temps. Burton crée ici son plus tragique monstre de cinéma dans son identification à ce réalisateur hué mais lui offrant une aventure hollywoodienne avec la reconstitution de la production de ses films ou encore un accueil triomphal pour Plan 9 From Outer Space (1959) (événement fictif). Le réalisateur s'identifie à ce cinéaste de série Z dans une émouvante lettre d'amour pour le bricolage et la passion de la création. Malheureusement, une grande douche froide s'opère au box office pour ce qui deviendra parmi une des œuvres les plus appréciées du cinéaste et c'est avec cette échec que Burton déchaine sa fureur sur Hollywood avec Mars Attacks !.


Synopsis :


Les martiens débarquent sur Terre, certains les accueillent à bras ouverts, d'autres restent méfiants. Mais les choses ne se passent pas comme prévu.


Analyse :


Fureur Vengeresse


Sur la continuité de Batman : Le Défi et Ed Wood, Mars Attacks ! s'inscrit dans l'hommage ancré sur un pan de l'histoire du cinéma. Dans une ouverture signature du cinéma de science-fiction des années 50 comme La Guerre des mondes (1953) (adaptation du roman de H .G. Wells, 1898) avec la séquence générique se déroulant dans l'espace comme l'ouverture du pré-générique du film de Byron Haskin ou avec l'arrivée des extraterrestres provoquant une panique générale comme dans Les soucoupes volantes attaquent (1956). Burton s'inscrit dans les codes identifiables du cinéma hollywoodien des 50's pour en pour les détourner dans une parodie toujours aussi mordante de l'industrie américaine. De ses caricatures des hauts placés de la politique notamment le président James Dale (Jack Nicholson) dont sa tentative de collaboration avec les aliens échouant lamentablement, faisant un écho notamment au producteur de cinéma. Le réalisateur pousse le vice de la bêtise du personnage par son seul intérêt de savoir si les aliens ont un sexe, une connexion à un producteur dont l'intérêt futile d'argent est dans le souhait de vendre des produits dérivés (Peut-être vu comme la volonté du retour du cinéaste suite au succès de Batman).


A bas Hollywood !


Le point d'accroche de Burton est depuis toujours les êtres extérieurs à la société dite "normale", de Edward le romantique en passant par le cinéaste rejeté pour ses idées farfelus (Ed Wood). Le réalisateur met depuis les origines de son cinéma la lumière sur l'autre, la différence. Ici c'est encore le cas en se projetant dans la furieuse envie d'invasion des aliens dans un plaisir de film bis (effets spéciaux grossiers en écho aux films des 50's) quand les aliens enclenchent leur attaque vers l'humanité. Totalement à contre-courant du film catastrophe où l'on suit le combat des humains face à un envahisseur invincible même si le film va donner la victoire aux enfants (encore un contre-pied face aux adultes qui jusqu'au bout du film incapables de gérer la situation), la volonté de Burton est de donner la gloire aux aliens victorieux face aux humains paniqués (les aliens finissent par supplanter le drapeau américain) dans une volonté de montré une humanité ne méritant pas la pitié. Le tout illustré dans des actions invraisemblables par le contournement des caricatures du genre : la panique "pas si" générale, les fameux "héros" militaires dépassés par la situation,...


Humain stupide !


Le penchant visuel grossier se situe encore a contre-courant de l'industrie en donnant la part belle aux effets visuels vintage et leur dimension "fabriqués". Dès la scène d'introduction avec les soucoupes volantes incrustées sur un fond tout aussi grossier ou encore les aliens avec leur cerveau qui font amplement partie de la conception artistique (hommage aux aliens du long-métrage Les Survivants de l'infini, 1955). En jouant aussi différentes partitions clés du film de catastrophe des années 90, convoquant l'idée du "money shot" (plan couteux et emblématique d'un film servant a la promotion de celui-ci) Mars Attacks ! s'amuse à enchaîner des plans dit "emblématiques" du catastrophe pour le parodier au détour notamment d'une photo souvenir d'un bâtiment dans un plan large (parodie indirecte de la destruction de la maison blanche dans Independence Day (1996) de Roland Emmerich) ou le drapeau planté montrant nos aliens victorieux jusqu'à leur défaite causée par les personnes les plus improbables : les enfants/ados, avec une partition musicale. Détournant ainsi le climax épique et combat fastidieux des "héros types" du genre catastrophe.


Destruction du "money shot" !


Mars Attacks ! reste une œuvre fascinante dans la filmographie de Tim Burton pour son pied de nez total au genre de science-fiction qui allait vers le film catastrophe. En retournant les clichés : de ses personnages idiots en passant par des aliens dont les actes sont plus glorifiés que les militaires,... Le cinéaste pulvérise Hollywood dans une vengeance furieuse de ses précédentes productions de films qui furent compliquées en s'identifiant à une conception d'un genre dépassé (des effets spéciaux grossiers,...). Burton déclare sa flamme au cinéma dit "autre" auquel il se sent beaucoup plus en phase.


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