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[INTERVIEW] Sébastien Vaniček : Toile sociale sur fond genré (Mauvais Tours)



à l'issue de l'enregistrement live du podcast Réalisé Sans Trucages, nous avons rencontré le réalisateur de Vermines ( que nous avons découverte dans Vermines lors du festival du PIFFF et traité en critique débat.) et du prochain opus de la saga Evil Dead au village du festival et lui proposer une interview.





Voici la retranscription de cette rencontre que nous avons partagé avec Cyriaque Onfray du Fil D'Ariane :


Joe Arodann : Bonjour Sébastien pourrais-tu te présenter ?


Sébastien Vaniček : Je suis Sébastien Vaniček, réalisateur de Vermines et en préparation de mon prochain long métrage de la saga Evil Dead.


J. A : Tout comme Lisa (Nyarko, que nous avons précédemment interviewé), tu es étiqueté "Kourtrajmé", peux-tu nous raconter ton parcours ? 


S. V :  J'ai commencé à faire des films un peu tout seul dans mon coin. Puis, un peu plus tard avec des potes c'est là que j'ai découvert la fiction et m'y suis un peu intéressé. Ça a toujours été un hobby et je ne l'ai jamais considéré comme quelque chose de sérieux jusqu'à après le lycée où j'ai commencé à réaliser des films un peu plus sérieux. Je n'ai jamais mis vraiment les pieds en fac ni à l' école, je me suis débrouillé avec ce que j'avais. Progressivement ça a pris jusqu'à aujourd'hui où j'ai pu réaliser mon premier long-métrage l'année dernière.


Cyriaque Onfray : Et alors ce parcours par rapport à quelqu'un qui aurait un parcours plus classique (fac, école, etc...) Qu'est-ce que tu penses que ça pourrait changer dans le rapport au cinéma ?


S. V : je pense que j'avais une urgence à faire des films, plus que quelqu'un qui serait dans un environnement plus confortable ( où ce serait des rêves que l'on aurait laissé mûrir avec le temps d'aller en école, d'apprendre et d'observer).  


Je me suis moins nourri, j'ai beaucoup plus fait, plus vite, j'avais cette urgence là tout le temps. 


Donc je pense que c'est là que m'amener ma sorte d'agressivité dans mes projets, cette urgence de faire des trucs qui se ressentent même dans le style graphique de ce que je fais. 


J. A : On est ici à Mauvais Tours qui célèbre le cinéma de l'imaginaire. Or,  avec beaucoup d'animaux ( araignées dans Vermines, chiens avec Crocs). Peux-tu parler de ton rapport avec l'imaginaire et le réel ?




S. V : Ils ne sont jamais très éloignés l'un de l'autre. Ce que j'aime c'est inclure dans des choses très ordinaires une petite parcelle d'extraordinaire en sachant que cette définition est très large. Cela peut être des choses de l'imaginaire ou des choses qui sont un tout petit peu au-dessus de l'ordinaire. Ce sont les rapports d'échelle qui m'intéressent beaucoup et qui mettent en exergue des réalités, de filmer des choses microscopiques en rapport avec le macroscopique, l'ordinaire en relation avec l'extraordinaire pour révéler des choses plutôt terre à terre. C'est les rapports d'échelle qui m'intéressent pas mal.


C. O : On le voit beaucoup dans Vermines, tu as un rapport presque politique au genre.


S. V : Dans Vermines, je voulais parler de la banlieue. Je viens de banlieue, j'ai vu beaucoup de films de banlieue mais aucun ne me parlait. tel que moi je la connaissais :  optimiste, politique, sympa.  Le tout au service d'un film d'horreur donc un film plutôt sombre.


Le politique était là parce que quand on parle de banlieue on est jamais loin mais il est vrai que je suis plus proche de quelque chose de social.


Quand les gens ont vu Get Out les gens ont parlé de politique mais pour moi il est beaucoup plus social et ce qu'il a fait après (Jordan Peele) est beaucoup plus social.


Mais, quand on parle de social, c'est jamais très loin de la politique.



C. O: Mais sur un projet assez gros tel que le prochain Evil Dead, te sens-tu en capacité d'y apporter se fait social et politique à ce niveau-là ?


S. V : C'est l'objectif ! Comme on dit aux États-Unis , c'est à manger des légumes en donnant la sensation de donner un Big Mac au public. Je suis toujours aussi friand de divertissement, de film vraiment fun à mater.


Après évidemment qu'il y a toujours quelque chose de caché en dessous, plusieurs couches de texte qui vont raconter des choses.


Comme dans Vermines, on raconte des choses sur la famille, sur les relations, la banlieue, les rapports des uns aux autres.


On essaie toujours d'avoir plusieurs couches de lecture dans un film. C'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup. J'aime quand les gens sortent de la salle en ayant passé un bon moment mais en se disant qu'ils ont réfléchi.


J. A : Tu es un cinéaste à la croisée des gens et des idées. Est-ce que, avec Evil Dead, est-ce que c'est plus facile de mixer le divertissement avec des séquences d'horreur pure ?


S. V : Avec un gros titre dessus du film on peut se permettre plus de choses parce que les gens savent de quoi il va s'agir et dans quoi ils mettent les pieds.


C'est pas comme quand j'avais écrit et sorti vers Vermines où on était dans le brouillard total. Le truc sortait de nulle part et personne ne savait vers où.


 Il fallait beaucoup prouver.


Avec Evil Dead, j'ai moins cette pression là. C'est une saga qui est iconique. Du coup, je peux beaucoup plus m'amuser à casser les codes et les genres. Et de toute manière, l'idée qu'on s'attaque à des franchises et à des choses iconiques, pour nous nouvelle génération, l'idée c'est de bousculer un peu. De les respecter mais de quand même bousculer les choses. Et le but avec Evil Dead, c'est d'y apporter un propos social et de vraiment raconter quelque chose.


C. O : Tu nous avais dit hier à la masterclass que la production t'avais laissé très libre mais est-ce que tu as quand même un sentiment d'obligation envers tous les tropes très connus de cette franchise ( la tronçonneuse, le livre, etc...)?


S. V :  Il faut respecter mais il faut aussi bousculer sinon les choses n'avancent pas.  Que ce soit dans un film Evil Dead ou dans la vie tout court. Chaque génération de bousculer la précédente, c'est le propre de la loi de l'évolution, si toutes les générations faisaient la même chose nous serions en voie d'extinction. 


J. A : vu qu'on sait que Flober et fan de tout ce qui est saga américaines marquantes de la pop culture, envie de destruction a-t-elle pu se coordonner avec l'envie de respect qu'il aurait pu avoir?


S. V : Quand je dis "bousculer", je laisse l'échafaudage. Dans le plus grand des respects, je n'ai pas une volonté d'absolument tout casser dans ce qui a été bien fait par le passé. Bien au contraire, on a un très bon équilibre avec Flo qui lui est un grand fan de la saga et qui m'amène peut-être encore plus de nuances et de détails dont moi je n'avais pas idée et qui amène dans notre scénario un meilleur équilibre des choses.


Comme dans Vermines, où, tout le monde me disait qu'on sentait la patte de Flober dans l'humour alors que par moments c'est moi qui arrivais avec des blagues,  et Flo avec des scènes d'horreurs.


On s'équilibre assez bien en écriture mais, effectivement, c'est une rencontre de deux visions qui permet à nos scénarios de voir le jour.


Propos recueillis par Joe Arodann. Un grand merci à Sébastien Vaniček pour son temps et sa sympathie.

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