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Photo du rédacteurAdam Herczalowski

[RETRO] Valse avec Bachir : À la recherche de la réalité par l'image cinématographique

Dernière mise à jour : 19 août


Réalisation : Ari Folman

Scénario : Ari Folman

Acteurs Principaux : Ari Folman, Miki Leon, Ori Sivan

Sortie : 25 juin 2008

Durée : 1h30

Genre : documentaire, animation

Sociétés de productions : Bridgit Folman Film Gang, Les Films d'ici, Razor Film Produktion GmbH, Arte

Société de distribution : Le Pacte


Cette rétrospective du film Valse avec Bachir (2008) sera focalisée sur une séquence du film, sa conclusion. Cette scène implique les derniers témoignages des souvenirs de Ari Folman et du journaliste israélien Ron Ben-Yishai sur le massacre du camp de Sabra et Chatila perpétré durant la nuit du 17 septembre 1982 jusqu’au lendemain. L’arrivée d’un commandant Israélien demandant un cessez-le-feu et demandant aux Palestiniens de rentrer chez eux. La séquence se terminant sur le journaliste explorant le camp et constatant les dégâts ainsi que les victimes du massacre.


En 2008, le cinéaste israélien Ari Folman présente à la 61ème édition du Festival de Cannes, Valse avec Bachir, son troisième long-métrage. Un documentaire autobiographique en animation portant sur le cinéaste cherchant à reconstruire ses souvenirs de son service militaire effectué en 1982 durant l’opération Paix en Galilée. Un épisode de la guerre civile libanaise qui s’est déroulé de 1975 jusqu’en 1990. Le documentaire suit les différentes rencontres et entretiens de Ari Folman avec différentes personnes liées au conflit, à la suite des retrouvailles avec un de ses compagnons d’arme Boaz, lui raconte un rêve impliquant des chiens qu’il aurait tué durant le conflit. Le documentaire est une reconstruction en animation des témoignages recueillis par le cinéaste. Les personnes interviewées apparaissant en animation, entremêlées avec les souvenirs reconstruits du cinéaste. Le seul souvenir commence sur une plage, la nuit du 17 septembre 1982.


Synopsis :


"En 1982, durant l'opération « paix en Galilée », le jeune Ari Folman, dix-neuf ans, fait son service militaire. Vingt-quatre ans plus tard, en 2006, il rencontre un ami de cette époque, Boaz, qui lui parle d'un rêve étrange qu'il fait toutes les nuits depuis plus de deux ans, mettant en scène des chiens qu'il a tués durant la guerre."


Analyse :


Reconstruction image par image


Ari Folman utilise l’animation dans Valse avec Bachir (2008) pour reconstruire les témoignages et la mémoire d’un événement historique en arborant le genre de la docu-fiction. Le choix étant de mettre en scène le subjectivisme des interlocuteurs Israéliens en recréant les descriptions des événements avec l’animation. Convoquant l’objectivisme des victimes Palestiniens au travers des reportages et photographies réelles. La séquence débute avec un plan poitrine où l’on voit le cinéaste s’adressant à son interlocuteur. Il évoque le massacre s’étant produit durant la nuit du 17 septembre 1982, Une nuit évoquée dès le début du film avec la reconstitution d’un cauchemar raconté par Ari Folman, montrant des hommes dépourvus de vêtements sortant de l’eau pour rejoindre une plage. Cette séquence située à 8 minutes du long-métrage, présentait le subjectivisme de la reconstitution qu’impliquerait l’animation dans les différents entretiens. La dernière évocation des souvenirs de Ari Folman raconte comment s’est déroulée l’attaque du camp de Sabra et Chatila, en incorporant la notion d’un massacre de la part des phalangistes envers les Palestiniens.


Le conflit des cauchemars


La séquence débute par un plan en contre-plongée vers le ciel où apparaît des fusées éclairantes. Un travelling arrière se dirigeant sur un toit, vers le deuxième cercle mentionné par le cinéaste : « Dans quel cercle étais-tu ? Dans le deuxième ou le troisième « et « Nous étions sur un toit et nous avons vu un ciel éclairé. ». Sur le toit, on se rapproche de la représentation jeune de Ari Folman (personnage) avec un plan de côté étant à droite du plan et sur la gauche en partant du milieu, des soldats tirent les fusées, « Des fusées tirées par qui ? Qu’est-ce que ça change », mentionne son interlocuteur. Dans la suite de la séquence, c’est le journaliste Israélien Ron Ben-Yishai qui témoigne, le lendemain de l’attaque nocturne racontée par Ari Folman. Le cinéaste subjectiviste la parole racontant les conséquences de l’attaque du camp, au travers des déclarations d’une personne extérieure à l’armée Israélienne. Le journaliste évoque la sortie des Palestiniens de Sabra et Chatila : « Une longue file de femmes, de vieillards et d’enfants avançant comme ça ».


Le long-métrage utilise les entretiens face caméra en plan rapproché poitrine, provenant du documentaire. La scène suivante est l’illustration de la description. L’animation étant utilisée comme pour les déclarations du cinéaste que du journaliste. Une reconstitution des paroles et des gestes, le journaliste ayant les bras en l’air quand il prononce ces paroles « L’enfant avec les bras en l’air ». L’animation étant dans son essence, une création image par image. Le cinéaste entretient un lien avec l’animation dans son dispositif, de donner une image à la reconstruction mémorielle des souvenirs, des événements, survenus lors de l’opération Paix en Galilée.


Les témoignages animés


Entretiens fictionnels


Le film est une reconstitution de souvenirs et d’entretiens. Il est dans sa fabrication une construction d’images, liant les recherches du souvenir du cinéaste et le concept de l’animation. Quand Ari Folman se rappelle qu’il a participé au massacre malgré lui en tirant les fusées éclairantes, son interlocuteur lui dit ceci : « Tu ne te souviens pas du massacre parce que, pour toi, le premier cercle celui des assassins, et ceux qui l’entourent constituent un seul et même cercle. ». La reconstitution des souvenirs enfouis par le cinéaste est le moteur de la reconstruction en animation. La première scène mettant en scène un jeune Ari Folman en gros plan sur son visage sortant de l’eau, se réveillant et observant le ciel. Cette scène tenant du cauchemar comme s’il était prisonnier d’un passé amnésique et n’utilisant pas d’images d’archives pour illustrer les souvenirs revenant petits a petits : ils sont ainsi reconstruits image par image en animation.


Le cinéaste cherchant aux travers des différents entretiens avec d’autres personnes (journalistes, camarades militaires, …) à expliquer les événements oubliés par Ari Folman,. Un point de vue fictionnel intervient dans le processus, au-delà de la recréation des évènements en animations.  Le cinéaste convoque des films de guerres ayant construit des conflits réels tels que Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola, auquel Valse avec Bachir fait un écho avec le jeune Ari Folman observant le ciel comme le personnage du capitaine Benjamin L. Willard (interprété par Martin Sheen) qui observait un plafond. Le cinéaste évoque alors l’idée que les entretiens sont une source du documentaire. Son film est aussi une fiction par ses souvenirs effacés et l’utilisation de l’animation pour donner un corps filmique aux déclarations des interlocuteurs du long-métrage.


Le dispositif documentaire au service de la mémoire.


Le subjectivisme participe aussi à l’utilisation de l’animation en recueillant les opinions. Notamment quand le journaliste, après être rentré dans le camp, aperçoit un corps enseveli sous les débris d’abord décrits avec les mots de l’interlocuteur : « Je vois une petite main, une main d’enfant sortant des décombres. ». La reproduction du journaliste vingt années plus tôt en plan américain au second plan derrière les débris. Le plan suivant étant un contrechamp sur la petite fille observée par le journaliste, correspondant aux descriptions et fait mention qu’elle ressemble a sa fille. Le subjectivisme de la situation continuant dans la séquence, jusqu’au travelling des civils étant de dos pour se rapprocher du jeune Ari Folman en plan rapproché épaule. Cette notion étant aussi a prendre en compte quand son interlocuteur déclare ceci sur ses souvenirs et sa pensée des événements : « À 19 ans, tu t’es senti coupable, endossant le rôle du nazi malgré toi. Tu y étais. Tu as tiré des fusées, mais tu n’as pas participé au massacre. ». Le cinéaste fait un écho entre deux événements historiques réels, étant donné sa subjectivité face à ses actions durant le conflit. Liant des éléments de mise en scène pour connecter aux images réelles et symboles de ces deux conflits.


Images d'histoires

 

L’image du film, le cinéaste évoque que le conflit libanais serait en connexion historique avec la shoah perpétrée par l’Allemagne nazi (1941-1945). Ces deux événements de l’histoire de l’humanité étant lié par la haine d’une nation envers une autre. L’Allemagne nazi envers le peuple Juif et l’Israël envahissant un territoire Palestinien perpétuant un massacre dans deux lieux clos envahie : le ghetto de Varsovie et le camp de Sabra et Chatila. La première image du peuple Palestinien, le lendemain du massacre est une reproduction d’une photographie de guerre décrite par le journaliste Ron Ben-Yishai « Tu connais la fameuse photo du ghetto de Varsovie. L’enfant avec les bras en l’air ». Le cinéaste reproduit la photographie de l’invasion du ghetto de Varsovie par les nazis avec un plan taille sur le garçon levant les bras en l’air. Le cinéaste évoque un souvenir d’un journaliste de guerre, un métier exerçant un lien avec l’information. Des événements se déroulant dans le monde et une photographie de guerre, retrouvée après le conflit ayant documenté les livres d’histoires.


L'histoire en boucle


Un autre lien étant dressé avec la Seconde Guerre Mondiale, l’image elle-même dans sa couleur dominante reprenant celle de l’étoile ayant le Peuple Juif durant la guerre, la couleur jaune. Le cinéaste relate deux guerres survenues au vingtième siècle, un massacre de deux peuples, dont le corps inanimé de la jeune fille peut rappeler aussi les corps retrouvés des Juifs massacrés. Le cinéaste utilise encore l’animation pour reproduire les éléments historiques en connexion, instaurant une subjectivité face aux événements en les liant par sa mise en scène. L’écho historique étant liés par la réalité malgré tout par la dimension documentaire des propos d’un journaliste présent durant le conflit en 1982. La séquence ne montre pas le massacre, n’ayant pas été investigateur principal, le film ne reproduisant pas les événements non décrits par les personnes interviewées par le cinéaste.


L'image documentaire supplantant la reconstruction


L’animation est utilisée pour reconstruire un événement réel, décrit par des souvenirs mais lors du travelling avant montrant les habitants Palestiniens déambuler dans les ruines du camp de Sabra et Chatila. La caméra se rapproche du jeune Ari Folman en animation observant les habitants criants et pleurant les pertes. Le contrechamp est une suite d’images d’un reportage provenant de la chaîne BBC. Le cinéaste montre les victimes palestiniennes seulement au travers d’images documentaires et réelles, s’émancipant de l’animation, son travail de reconstruction est terminé. Le travail de mémoire à travers le documentaire étant celui des victimes des conflits comme pour la liaison avec la photographie de 1943 (ghetto de Varsovie). Des images montrant des corps inanimés font écho aux images recréées en animation. Différents travellings dans la ville, ensevelis sous les décombres du camp. La dernière image de la séquence et du film (se terminant sur un fondu au noir) étant une image du documentaire reportage de la BBC montrant le haut de la tête d’un enfant hors des décombres, liant la description reproduite en animation, des dires du journaliste et l’image du réel.

  


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